Ici ça parle un peu de ma vie... de ce qui me fait rigoler, de mes coups de gueules, mes amis, mon amour, mes voyages, mes rêves, mes envies et mes regrets, et de tout ce qui m'étonne... la vie est une sorte de machine à voyager dans le temps (P Geluck)
Nouvelle vie dans une époque que je ne saurais qualifier. Tout d'abord, ma coach qui me dit qu'écrire avec un stylo et un papier ne mobilise pas les mêmes ressources du cerveau que de taper sur un clavier, et que cela ne produit pas les mêmes bénéfices. Il faudrait préférer le bon vieux papier. Oui certes bon, c'est plus compliqué ensuite de publier mes graffitis sur ce blog. Alors me revoici, stupéfaite d'avoir été silencieuse près de 4 ans. J'ai tellement eu envie d'écrire, tellement de choses à raconter, et surtout tellement envie de ne pas oublier ces moments de ma vie. Car les écrire, les relire, m'a toujours fait réfléchir et avancer. Je pense que c'est de là que je tire mon assurance. Car de confiance en moi, j'en ai pas plus que la moyenne basse.
Bref, alors expliquer mon titre d'article. Le coronavirus Covid-19 a attaqué l'être humain et la politique de tous les pays s'en est trouvée chamboulée. Et subséquemment la vie de tous les citoyens que nous sommes. Les gens bien portants se sont retrouvés confinés chez eux sous peine d'amendes, les malades difficilement identifiés avec des tests dont on ne connaît pas bien le taux de faux positifs ou de faux négatifs, les personnes saines intimées de porter le masque dans la rue et dans tous les locaux, les bons commerçants, les gros, les petits, les précaires, hum en fait presque tous interdits d'exercer. Oui, voilà le monde de fous dans lequel mes enfants sont soudainement projetées depuis le 13 mars 2020. Depuis ce jour-là j'ai arrêté de travailler à la Sécu et depuis le 16 mars, la France est partie en confinement. Ah oui, il y a eu une reprise d'activité après le premier Grand Confinement, le 11 mai ils se sont dit c'est la cata pour l'économie, hop on renvoie les parents au boulot. Ils avaient inventé le chômage partiel, indemnisé à hauteur de 84%, pour les confinés, mais ça devenait chaud. J'ai refusé de remettre mes filles à l'école qui avait réouvert, pour 2 raisons : d'abord parce qu'après nous avoir bassiné avec des taux de mortalité du Covid-19, l'insuffisance de lits en réanimation, le débordement des hôpitaux et la souffrance des soignants en manque de moyens, le gouvernement en déroute ne m'apportait aucun élément suffisant pour me sentir rassurée quant à la sécurité sanitaire. Deuxièmement, parce que la cadette y était refusée, les maternelles restaient fermées.
Math était d'accord alors j'ai gardé les enfants et poursuivi l'école à la maison. Le 22 juin, les maternelles ont réouvert timidement. Jusqu'au 3 juillet... Sans commentaires. J'ai remis les filles à l'école après avoir observé le calme relatif depuis le 11 mai. Elles le souhaitaient et je commençais un burn out.
Ensuite les vacances, la négociation avec mon employeur pour une rupture conventionnelle. Refusée. Une odyssée entre mon médecin, ma psychiatre et la médecine du travail pour faire reconnaître ma souffrance au travail, mêlée à une peur panique incontrôlée de ce nouveau monde menaçant, face à ce petit ennemi invisible qui semblait terrasser tant de vies et à l'insuffisance totale de mesures sanitaires sur mon lieu de travail où j'ai eu la bête (ou lumineuse !) idée d'aller déposer en personne mon 1er arrêt et où j'y ai vu l'inverse de tout ce qui se pratiquait désormais.
Les gens se côtoyaient gaiement comme si de rien n'était, aucun sens de circulation (pourtant parfaitement possible), pas de masques, pas de gel, un individu collègue arrivé et positionné collé à mon poste de travail sans aucune distanciation. Je passais pour une alien. L'alien est partie en courant. Je savais que je ne reviendrais plus jamais là.
J'ai commencé une nouvelle descente aux enfers. Burn-out parce que pendant la période du 20 mars au 30 juin, j'ai monté avec Math un drive fermier bénévole qui consistait à mettre en relation tous nos proches ayant besoin de produits frais et les commerçants du marché de Blagnac qui a longtemps été interdit d'exercer aux conditions normales d'un marché de plein vent. Je n'ai jamais autant travaillé de ma vie. Avec les moyens du bord, Excel, calculette et WhatsApp... jusqu'à 20h par jour. Recevoir des livraisons de dizaines de paniers de légumes, jusqu'à 120kg de fraises le mercredi "jour des fraises", des dizaines de volailles, 400 oeufs et plus encore à conditionner dans des boîtes de 12 ou de 6, des fruits, des empanadas, des huîtres, des macarons, du miel, des truites bio, du poisson, du fromage, des centaines de kilos de farine, de lentilles et autres, du vin par caisses... Prendre les commandes, promouvoir les produits du marché par un joli catalogue à mettre à jour, compiler, commander, recevoir ou aller chercher, vérifier, corriger, conditionner, compter, payer, livrer en mode drive dans les conditions sanitaires requises, livrer parfois, récupérer les sommes, faire du recouvrement souvent, faire la compta, chercher des idées, améliorer, faire seule quand Math a été appelé à retourner sur site à temps plein... Je me suis épuisée. J'ai pensé créer sur cette lancée un vrai Drive, le premier drive fermier de Blagnac, avec un pourcentage pour le service rendu afin d'en vivre, j'ai créé un sondage habile qui m'a permis d'avoir de vraies données qui se sont avérées par la suite.... Mais j'ai craqué de fatigue et la solitude ne m'a pas relevée.
Puis juillet-août de repos, 4 jours bénis au bord de la mer. Retour juste à temps car la vague qui menaçait en Espagne était celle du Covid-19, encore. J'ai difficilement remonté la pente. Pas grâce à ma 1ère psy mais grâce à des coachs connues de bouche à oreille, qui ont fait des merveilles. Et aujourd'hui une nouvelle psy extraordinaire. J'ai eu une fois une crise de "je vais me tuer", comme la fois précédente où j'ai dû m'arrêter 14 mois. Ca m'a fait comprendre que j'étais mal en point. Je ne sais pas à quelle époque le lecteur de cet article se situe mais l'ambiance actuelle est totalement anxiogène. J'ai eu une période de léthargie. Incapable de me bouger. Au lit à regarder des choses qui me détendent et me distraient, comme me le recommandait les médecins. Puis une période d'activité intellectuelle où j'ai pris contact avec des organismes de reconversion et d'orientation professionnelle, où je me suis mobilisée et j'ai refait mon CV, scruté les annonces, je me suis interrogée sur mes souhaits d'avenir comme une ado.
Mais une tétanie totale sur la mise en route d'une action. Plusieurs pistes, aucune certitude. Une peur panique en croisant ces gens masqués dans la galerie commerciale. Des crises de larmes à m'asseoir par terre afin d'ôter discrètement mon masque pour pouvoir haleter. Je me focalisais sur des détails, retapais des meubles, au lieu de bêcher le jardin ou de poser les plinthes. Beaucoup de recherche de shopping qui n'aboutissaient qu'à des nuits de sommeil perdues et au final je n'achetais rien car je me rendais compte de la futilité de l'acte. Je suis seminimaliste. Pas tout à fait minimaliste mais en chemin. Je ne me voyais pas réussir à m'extraire de cette sorte de paralysie. Puisque cela ne demandait aucun effort physique, je réussis à faire reconnaître mon inaptitude au poste par la médecine du travail. J'attends mon reclassement. Ce n'est que poudre aux yeux puisque je sais pertinemment qu'ils vont me proposer le pire des placards et que je refuserai pour demander ma mise en disponibilité. Ma coach m'a guérie des différents verrous qui me tétanisaient et bloquaient mon énergie. La preuve, je me suis même remise à écrire ce Journal !
Jamais je ne m'étais accordé ainsi du temps personnel. Ca fait du bien. La confiance est revenue, et trouver ma reconversion professionnelle a tout changé également. Je vais garder des enfants. J'aime ces petits bouts de choux au plus haut point et leur présence me ravit et me nourrit. Persuadée de pouvoir leur rendre toute cette énergie et cet amour qu'ils ont en eux, je me lance dans cette aventure loin de ma carrière de manager et de commerciale. C'est bizarre comme reconversion mais je n'ai jamais été à ma place dans les postes commerciaux. J'ai toujours détesté ça et exercé comme si c'était un jeu. Mais les objectifs de productivité demandés au détriment du respect des personnes et des commerces m'ont dégoûtée de cette activité. Je ne naviguais pas sur des produits de niche qui permettaient de se concentrer sur ce que j'estime indispensable : la qualité. J'ai exercé à une bonne époque commerciale. Gagné pas mal de sous. Tout dépensé. Réussi comme on dit, en autodidacte. Même si je n'étais que responsable et que je n'ai pas été jusqu'à des postes de direction. Mais soulagée d'en être sortie.
Les enfants sont les êtres les plus innocents, sincères, spontanés, fiables, gentils, riants, coopératifs, aimants et étonnants du monde. Les petitous me ressourcent et me comblent, leurs babillages m'enchantent et ma seule volonté est de m'amuser avec eux, de les sécuriser et de les accompagner sur le chemin de l'enfance. Malgré tous ces traits communs, ils sont tellement uniques... et drôles, curieux, malins, apprenants, participatifs, entraînants, joyeux... J'ai l'impression d'être la seule adulte enfant dans mon coin, tellement en osmose avec eux mais aussi tellement bien dans ma peau de maman, à pouvoir ainsi jouer sur les deux registres, être si complice avec eux et à la fois leur offrir un cadre, l'aide et les réponses dont ils expriment le besoin. Je ne veux plus côtoyer d'adultes traumatisés, mal dans leur peau, râleurs, moqueurs, égoïstes, frustrés, aigris voire méchants. C'est ennuyeux et fatiguant.
Math m'a dit il n'y a pas longtemps que j'étais une super maman. Il ne s'est pas étendu là-dessus et ne se rend pas compte à quel point c'est un jugement qui a énormément de valeur pour moi et qui m'a profondément touchée et réconfortée. Car il n'y a jamais personne pour reconnaître à une maman que, sans formation, en impro totale chaque jour à toutes les étapes de la vie, avec des outils, des ustensiles, des objets, des machines totalement nouveaux, au-delà d'un instinct primaire que toutes n'ont pas, une maman a énormément de mérite de réussir son travail comme elle le peut. C'est tout aussi spécifique que de réussir à lancer une fusée sans avoir appris à le faire. C'est être en poste 24h sur 24h. Sans être payée ni reconnue. Avec la responsabilité de la VIE de quelqu'un ! Souvent en plus d'un autre job à plein temps.
Mon meilleur atout c'est l'amour. L'amour que je n'ai pas reçu, l'amour que je n'ai pas pu donner, qui est resté caché en moi et qui a continué à grandir. J'en ai des mégatonnes et en couvrir mes filles et ma famille m'en laisse encore pour d'autres. Je suis quelqu'un de totalement fusionnel, de trop empathique qualifie ma psy, d'hypersensible, mais mon transport me caractérise et je ne renierai pas cet excès qui fait de moi la personne émotive et déjantée que l'on connaît :)